En 1956, O'Connor a présenté une série de malades qui, après une entorse, présentaient des douleurs persistantes au niveau du pied. Un seul signe était constant : la douleur provoquée par la palpation au niveau de l'orifice externe du sinus du tarse.
Rappel anatomique
Le sinus du tarse forme un entonnoir divisant en deux parties l'articulation sous-astragalienne. Son axe est oblique d'arrière en avant et de dedans en dehors. Son orifice externe s'ouvre largement, juste en avant de la malléole péronière. Son orifice interne, étroit, est situé derrière le sustentaculum tali.
La direction du sinus du tarse est perpendiculaire à l'axe du mouvement de la sous-astragalienne. Le sinus est occupé par le ligament inter-osseux astragalo-calcanéen (ligament en haie). Les lames fibreuses qui le composent sont entremêlées d'éléments adipeux. Le ligament se tend dans la supination et se relâche dans la pronation du pied.
Symptômes
Il s'agit en fait des modalités de l'unique symptôme : la douleur. Elle apparaît après un effort, un traumatisme mineur, une entorse, parfois après une fracture malléolaire.
En règle, la douleur est contemporaine de l'accident.
Cette douleur siège presque toujours à l’orifice externe du sinus. Elle peut irradier vers la malléole interne, à la face postérieure de la jambe. Quelquefois, elle siège isolément près de la malléole interne, au niveau du talon ou de la jambe.
Le plus fréquemment, elle survient à la marche, surtout en terrain inégal et s'accompagne d'une sensation d'instabilité du pied. Mais à l'inverse, elle peut exister au repos, la nuit ou le matin et s'atténuer à la marche.
Certains malades se plaignent de paresthésie à type de brûlures.
La douleur objective est retrouvée par la pression sur l’orifice externe du sinus du tarse.
Elle peut être bilatérale.
De façon atypique, elle siège derrière la malléole tibiale ou à la face plantaire du pied sous le trajet du sinus. On note parfois un œdème péri-malléolaire.
Les mouvements d'articulation sous-astragalienne sont toujours libres, mais douloureux chez la majorité des malades.
La radiographie est muette, sauf dans les cas où existe une lésion ancienne, une arthrose par exemple.
Lésions anatomiques
On peut observer la rupture du ligament interosseux, des lésions du ligament latéral externe de la tibio-tarsienne (faisceaux antérieur ou moyen), une rupture partielle de la capsule, des lésions inflammatoires du tissu fibro-adipeux, de petits ostéophytes, une érosion du cartillage. Parfois on ne trouve aucune lésion.
Diagnostic
On éliminera une ténosynovite péronière, une subluxation récidivante de l'astragale, une talalgie banale. Le diagnostic est fondé sur le siège de la douleur, à la pression. Komprda rapporte un fait intéressant : 3 malades présentaient une impatience des membres inférieurs avec paresthésie douloureuse. Le traitement habituel s'avéra efficace. Mais quelques infiltrations de novocaïne et d'hydro-cortisone, pratiquées dans le sinus du tarse, guérirent les malades.
Traitement
Deux à trois infiltrations de novocaïne et d'hydrocortisone dans le sinus tarsi font assez souvent céder la douleur. Les ultra-sons nous ont donnée quelques guérisons.
L'échec du traitement médical indique l'intervention chirurgicale. Par une courte incision directe, on évide le plus complètement possible le contenu du sinus du tarse. La douleur disparaît presque immédiatement.
Dans la majorité des cas, la marche est possible au bout de quelques jours.