La maladie de Sever est une apophysose de croissance qui touche les enfants de 8 à 15 ans (11 ans en moyenne).
Même si elle est très fréquente, l’incidence réelle de la maladie, qui touche autant les filles que les garçons, reste inconnue.
Comment la maladie se développe-t-elle ?
Elle est secondaire à deux phénomènes :
- aux forces de traction exercées par l’insertion distale du muscle triceps sural (par l’intermédiaire du tendon d’Achille), et par l’insertion proximale des muscles courts fléchisseurs plantaires.
- aux microtraumatismes répétitifs liés aux chocs d’appui du talon au sol pendant la marche, la course et les réceptions de sauts.
Quels sont les signes d'appel de la maladie de Sever ?
La maladie de Sever se manifeste par des douleurs de talon (talalgies) d’apparition progressive, survenant pendant les activités sportives ou au décours de celles-ci. Les douleurs sont mécaniques, augmentées par l'effort (sports, jeux) et calmées par le repos.
L’évolution se fait vers une aggravation en intensité de douleur ou en facilité d’apparition (pendant des exercices de moins en moins sportifs, puis pendant des activités de la vie quotidienne).
Les douleurs ne sont jamais nocturnes, par contre, elles peuvent s’accompagner d’irradiations vers le tendon d’Achille ou la région plantaire.
Comment faire le diagnostic de maladie de Sever ?
Même si une douleur mécanique du ou des talons en cours de croissance évoque une maladie de Sever, l'examen clinique reste impératif.
L’examen clinique permet d’apprécier :
- L’intensité de la douleur : marche normale, boiterie d’évitement plus ou moins importante, impotence fonctionnelle totale.
- Les troubles de la statique du pied (au podoscope) en particulier un valgus calcanéen.
- L’amplitude articulaire le la cheville en flexion (dorsale), témoin de la longueur du tendon d’Achille.
- Les angles poplités qui reflètent la raideur des chaînes musculaires postérieures (muscles ischio-jambiers, système suro-achilléo-calcanéo-plantaire).
Mesure de l'angle poplité (méthode anglo-saxonne) : patient en position allongée, muscles totalement DECONTRACTES, l'examinateur lève doucement la jambe en direction du plafond au maximum des possibilités. L'angle entre cette position maximale d'élévation de la jambe et la verticale représente l'angle poplité. Plus il est grand, plus le patient est raide.
La douleur provoquée par la palpation des faces latérales, postérieure et inférieure du talon.
Quels examens complémentaires demander devant une maladie de Sever ?
Le seul examen utile est la radiographie.
Bilan radiologique
Les incidences radiologiques de base sont les suivantes :
Radiographie de la cheville et du pied de profil avec comparatif
Ce bilan radiologique est le plus souvent normal.
Son rôle est surtout d'éliminer d'autre causes de douleurs (en priorité les tumeurs).
La radiographie n’a pas une bonne sensibilité ni spécificité, et aucun intérêt pronostique ni caractère d’orientation thérapeutique.
Elle s’impose au titre du diagnostic différentiel, même si la symptomatologie et l’examen clinique sont fortement évocateurs du diagnostic.
Les autres examens (scintigraphie osseuse, tomodensitométrie, remnographie) n’ont aucune utilité pour le diagnostic positif ni dans le bilan de la maladie.
Comment traiter une maladie de Sever ?
En phase aiguë de la maladie
En phase aiguë, c'est-à-dire lorsque l'enfant ne peut plus poser son talon au sol, il faut réaliser une immobilisation plâtrée dans une botte (en position neutre) avec interdiction d’appui pendant 3 semaines, associée à un traitement anti-inflammatoire par voie générale pendant 10 jours et un traitement antalgique jusqu’à disparition des douleurs.
La phase aiguë passée, le traitement habituel peut être poursuivi.
Le repos sportif
La maladie de Sever doit être considérée comme une maladie du sport, et non comme une maladie de la croissance.
Trop souvent, il est conseillé d'attendre en imposant le seul repos sportif, qui à lui seul ne règle pas le problème de fond de la raideur tendino-musculaire. Le repos sportif scolaire et extra-scolaire est donc indispensable et non négociable.
Le sport le plus déconseillé est certainement la course d'endurance.
Les antalgiques et anti-inflammatoires
La douleur doit être maîtrisée pour permettre un appui du talon au sol et éviter une attitude antalgique de marche sur la pointe du pied, qui ne fera qu'aumenter l'intensité douloureuse en créant un véritable cercle vicieux.
Il faut diminuer cette douleur de façon médicamenteuse par traitement (oral) antalgique et anti-inflammatoire.
Les pommades en application locale n'ont aucune efficacité.
Les talonnettes amortissantes
L’utilisation de talonnettes ou semelles amortissantes visco-élastiques pour limiter les microtraumatismes par chocs lors des activités de la vie quotidienne et les activités de jeux, apporte souvent une amélioration.
Ce traitement ne corrige pas le problème de fond de la raideur tendino-musculaire.
L'adaptation du chaussage
L’adaptation du chaussage pour corriger un trouble d’appui important ou une zone de frottement appuyé peut soulager les douleurs, mais ne corrige pas le problème de fond de la raideur tendino-musculaire.
La kinésithérapie
Elle est fondamentale pour diminuer les forces de traction du tendon d'Achille sur le cartilage de croissance postérieur du calcanéum.
Elle doit associer différents aspects.
Ils représentent la part la plus importante du travail de kinésithérapie.
Il doivent être réalisés de façon régulière, au rythme de 2 séances par semaine, chez le kinésithérapeutre et par le kinésithérapeute (exercices passifs).
En effet, l'intérêt d'aller en cabinet de kinésithérapie est de pouvoir faire les exercices d'étirements à 2 personnes. Les étirements que l'on peut réaliser tout seul (individuels) peuvent être réalisés au domicile !
Ces étirements passifs nécessitent donc la présence et la participation du kinésithérapeute du début à la fin de chaque séance (qui doit durer au moins 30 minutes).
Le travail d'étirement sera d'autant plus efficace qu'un complément d'étirement par exercices actifs sera réalisé TOUS les SOIRS à domicile, ce qui représente un investissement important, en temps et en motivation.
Réaliser 10 minutes d'exercices chaque soir est un minimum.
Ces exercices individuels doivent être faits de façon efficace, et le kinésithérapeute doit montrer comment les réaliser.
Comment éviter la récidive de la maladie de Sever ?
Après guérison, il est possible d'éviter la récidive de la maladie de Sever.
Par l'entretien de la souplesse des membres inférieurs
Pendant la phase de croissance, il est naturel de perdre de la souplesse, surtout par le facteur d'accroissement de longueur des os.
La réalisation régulière d'exercices d'étirement à domicile permet donc d'éviter de perdre le travail réalisé en kinésithérapie.
A condition de réaliser régulièrement 2 séances de stretching par semaine.
Par la modification des pratiques sportives
La réalisation d'exercices d'étirements doit encadrer TOUTE activité sportive. Malheureusement, ceci est rarement enseigné dans le milieu sportif scolaire, et seuls quelques disciplines extra-scolaires appliquent cette procédure avec rigueur (gymnastique, sports de combat, danse classique, hip-hop).
Le sport se réalise idéalement de la façon suivante :
- 15 minutes d'échauffement SANS JAMAIS COURIR, axé sur le travail articulaire proprioceptif
- 30 minutes d'étirements activo-dynamiques
- la phase sportive proprement dite
- 15 minutes d'étirements (stretching postural) à la fin de la phase sportive
Ceci est valable quel que soit l'âge et quel que soit le sport envisager, même pour la natation, le ski, l'équitation !
L’évolution de la maladie de Sever se fera dans tous les cas vers la guérison, soit de façon thérapeutique, soit de façon naturelle par fermeture du cartilage de croissance postérieur du calcanéum vers l’âge de16 à 18 ans.
Mais attention, sans prise en compte du facteur hypertonie tendino-musculaire, il est possible de voir disparaître la maladie de Sever de l'enfance au profit d'une tendinite du tendon d'Achille de l'adulte, véritable pathologie miroir après maturation osseuse.