La pathologie (« tendinopathie ») du tendon calcanéen intervient souvent après une erreur dans la pratique sportive et après un effort soutenu. Néanmoins on dénombre de plus en plus d’autres causes, dont les effets secondaires de certains médicaments.

On distingue 2 grands groupes d’inflammation du tendon calcanéen (TC) :

  • Les tendinopathies inflammatoires (ou péri tendinites) sorte d’inflammation périphérique du tendon, dont le traitement est en général strictement médical et qui régresse par la mise au repos.
  • Les tendinoses, souvent nodulaires, qui correspondent à une atteinte micro-traumatique en pleine partie centrale (« corps tendineux ») et qui peuvent devenir chirurgicales.

Il s’agit d’une atteinte préférentielle de la zone de faiblesse du tendon là ou il est le plus fin (en arrière de la cheville) avec le plus souvent une ou plusieurs micro déchirures entrainant un épaississement des fibres adjacentes créant ainsi un renflement appelé « nodule ».

La clinique

L’installation de la symptomatologie est souvent progressive sans notion de traumatisme. D’intensité croissante, la douleur amène le plus souvent le patient à diminuer son activité sportive et à consulter lorsque le traitement médical s’avère insuffisant. Le plus souvent le patient consulte pour une atteinte unilatérale mais les cas bilatéraux ne sont pas rares.

Les douleurs sont d’abord matinales lors du premier lever le plus souvent retrouvées (quasi constantes) au niveau de la partie inférieure du TC obligeant le patient à boiter. Puis elles diminuent ou même disparaissent durant l’activité quotidienne et réapparaissent en fin de journée, après un effort soutenu ou une pratique sportive. Ce rythme en trois temps est assez caractéristique des tendinoses. Après un repos prolongé, la douleur réapparait lors de la reprise d’activités (sorte de dérouillage).
La boiterie est inconstante mais retrouvée lors des crises douloureuses.
Une amélioration au chaussage est souvent possible grâce à un système amortissant sous le talon douloureux (talonnettes).

Les facteurs favorisants

  • Le défaut d’hydratation pendant la pratique sportive.
  • Une mauvaise gestion de l’effort (intensité, manque d’étirements préalables, chaussures mal adaptées...)
  • L’excès pondéral.
  • Un trouble morphologique (pied creux ++), ou une anomalie osseuse type « Haglund » avec un excès d’os à la partie postérieure de l’os du talon.
  • La prise de certains médicaments comme par exemple certains antibiotiques pour traiter en particulier les infections urinaires (famille des « fluoroquinolones »).

Les examens complémentaires

Des clichés des 2 pieds en charge (Face + Profil) : présentent peu d’intérêt pour la tendinopathie du TC elle même, mais sont indispensables à son bilan en montrant le degré d’angulation du pied (souvent creux) et une éventuelle « épine » ou calcification des insertions tendineuses à ce niveau.
On peut noter parfois des calcifications dans le corps du tendon lui même.

L’échographie examen simple et peu couteux qui montre l’importance des lésions, confirme le/les nodule(s), l’épaississement du TC. Le Doppler associé met en évidence les zones inflammatoires.

Une IRM montre le tendon calcanéen en totalité jusqu’à son insertion et l’aspect de la tendinite.

Le traitement médical

Il est indispensable avant toute thérapeutique plus agressive et associe en plus de l’arrêt sportif STRICT qui constitue la règle de base :

  • Des règles hygiéno-diététiques :
    - Perte de poids
    - Hydratation (2 litres minimum /jour)
    - Prise de certains médicaments à visée cicatrisante pour les lésions tendineuses.
  • Le port d’orthèses plantaires (semelles) : qui comportent selon les cas une voute rigide soutenant l’effondrement du pied et un enclavement avec amorti du talon légèrement surélevé (effet talonnette).
  • Des séances de kinésithérapie combinant des massages transverses profonds de la zone tendineuse douloureuse et des étirements du tendon mais aussi de toute la chaine postérieure type Stanish.
  • Des ondes ce choc extra-corporelles.
  • De la mésothérapie.
  • Des infiltrations de PRP (plasma riche en plaquettes) en cours d’évaluation ; il contient un facteur de croissance naturel permettant la cicatrisation des lésions tendineuses.

Dans tous les cas LES INFILTRATIONS DE CORTISONE (type Altim ou Diprostène) SONT CONTRE INDIQUEES car elles peuvent entraîner la rupture du tendon.

Le traitement chirurgical

Il n’est à envisager qu’en cas d’échec du traitement médical bien conduit durant quelques mois.

Le peignage ou hersage du tendon calcanéen

1 - Technique par incision classique

Il s’agit de la technique de référence permettant au moyen d’incisions longitudinales de favoriser la cicatrisation des lésions en « renforçant le tendon » même si elle présente l’inconvénient d’être assez agressive notamment au niveau cutané. Elle présente l’intérêt de pouvoir pratiquer l’exérèse des nodules, bien que ce geste n’ait pas apporté une efficacité supplémentaire à la technique du peignage isolé. Les inconvénients principaux en sont le risque cutané et les adhérences cicatricielles.

2 - Technique endoscopique

Il s’agit d’utiliser une caméra par des mini incisions, ce qui présente plutôt l’intérêt théorique du contrôle visuel qui n’est pas ici indispensable, en l’absence d’éléments nobles à protéger (vaisseaux ou nerfs). Elle est très utile en revanche pour traiter les causes « osseuses » comme le syndrome de Haglund qu’il est tout à fait possible de résoudre par cette méthode.

3 - Technique percutanée

Dans ce cas, les incisions restent millimétriques, ce qui présente l’intérêt de l’absence de risque cutané et la possibilité d’être réalisée en hospitalisation ambulatoire. On peut durant le geste adjoindre une injection de PRP (plasma riche en plaquettes) pour augmenter l’efficacité thérapeutique et accélérer la récupération. A noter que cette procédure est en cours d’évaluation.

L’exérèse en masse des lésions importantes avec autogreffe tendineuse par incision classique

Cette technique ne s’adresse qu’à des lésions plus évoluées avec une fragilisation du tendon et avec un risque de rupture et aux pathologies de la zone d’ancrage du TC dans l’os du talon (« enthésopathies ») qui constituent une entité tout à fait à part dans la pathologie de ce tendon.