L’hallux valgus, ou "oignon", est une désaxation vers l'extérieur du gros orteil. Selon son angle de déviation, il a des répercussions plus ou moins graves sur l’avant-pied. Touchant davantage les femmes, il est favorisé par plusieurs facteurs comme l'hérédité, l’âge, ou le port de chaussures à talons hauts et à bouts étroits. L'hallux valgus est souvent douloureux lorsque la déformation devient importante.

Les symptômes de l'hallux valgus

L'hallux valgus, appelé aussi "oignon", est une déviation anormale du gros orteil vers le deuxième orteil. Cette déviation du gros orteil entraîne une déformation de l'avant-pied, au niveau du premier métatarsien (voir le schéma ci-dessous) et, donc, des difficultés de chaussage.
L'hallux valgus peut être douloureux à la marche, mais il est parfois totalement indolore. Lorsque la zone déformée et saillante (l'"oignon") frotte dans la chaussure, un cal (épaississement dur de la peau) se développe et l'"oignon"devient rouge, chaud et douloureux par inflammation de l'enveloppe de l'articulation (bursite). Il devient alors difficile de se chausser.
Cette déformation fréquente de l'avant-pied a un impact sur les autres orteils qui, chassés par le premier, se recroquevillent.

Les différents stades de l'hallux valgus

La sévérité de l'hallux valgus dépend de l'angle de la déviation et de l'importance des autres atteintes du pied.

  • L'hallux valgus léger : la déviation est inférieure à 20°. La phalange du gros orteil et le métatarse sont encore correctement emboîtés.
  • L'hallux valgus modéré : la déviation se situe entre 20° et 40°. Le gros orteil tourne vers l'extérieur du pied, la phalange est déplacée par rapport au métatarse et ne s'emboîte plus correctement. Le gros orteil entre en conflit avec le second orteil.
  • L'hallux valgus sévère: l'angle de la déviation est supérieur à 40°. Le gros orteil passe au-dessous ou au-dessus du deuxième orteil. L'arthrose accentue la déviation, jusqu'à provoquer une luxation complète de l'articulation du gros orteil qui perd ainsi sa fonctionnalité.

Les facteurs favorisant et les facteurs aggravant l'hallux valgus

Dans 90 % des cas, l'hallux valgus débute entre 40 et 50 ans. Toutefois, il peut apparaître très tôt, vers l'âge de dix ans.

Vous êtes plus exposé(e) à l'hallux valgus:

  • si vous êtes une femme;
  • si vos parents ont un hallux valgus;
  • si vous avez hérité de vos parents d'un avant-pied large et d'un premier orteil long (caractéristique des pieds "égyptiens");
  • si vous portez des chaussures à talons hauts, à bouts étroits (si ce facteur ne joue pas le rôle essentiel qui lui a longtemps été attribué, il n'est pas sans effet);
  • si vous êtes ménopausée: un relâchement des structures fibreuses favorise l'élargissement de l'avant-pied;
  • si vous avez une maladie neuromusculaire, rhumatismale ou une anomalie du collagène.

Que pouvez-vous faire à votre niveau en cas d'hallux valgus ?

Vous pouvez appliquer ces quelques conseils au quotidien:

  • choisissez des chaussures souples, à bout rond et large au niveau de l'avant-pied pour éviter le frottement de l'oignon contre votre chaussure;
  • alternez petits talons et chaussures plates;
  • dans les cas plus importants, isolez l'oignon en l'entourant avec un pansement spécifique (anneaux en polymère).

Vous pouvez également faire des soins de pédicurie (non pris en charge par l'Assurance maladie).

Des médicaments pour soulager la douleur, si elle reste modérée, peuvent être utiles. Vous pouvez prendre:

  • du paracétamol ;
  • des anti-inflammatoires non stéroïdiens ou « AINS » (ibuprofène, kétoprofène).

Chacun de ces médicaments doit être utilisé seul.

La consultation et le traitement de l'hallux valgus

La consultation médicale permet de faire le point sur l'importance de l'hallux valgus et la gêne qu'il engendre au quotidien. Le traitement comporte des médicaments luttant contre la douleur, des mesures orthopédiques. Lorsque les douleurs ou les déformations sont très importantes, un avis auprès d'un chirurgien orthopédique est nécessaire ; celui-ci peut proposer une intervention chirurgicale.

La consultation pour hallux valgus

Votre médecin traitant vous examine et si un avis chirurgical est nécessaire, il vous adresse à un chirurgien orthopédique.
L'examen des pieds est réalisé en position allongée, debout et lors de la marche. L’examen clinique peut être complété par un examen au podoscope. Cet appareil est composé d'une vitre épaisse, d'un dispositif d'éclairage et d'un miroir placé au fond de l'appareil. Le patient debout sur la vitre exerce des pressions sur certaines parties de son pied. Ainsi, l’empreinte du pied est visualisée et les zones d’appui anormal en particulier de l’avant pied sont repérées.
Le bilan radiographique est indispensable et comprend des clichés des deux pieds. Il permet de quantifier l'importance de la déviation et le retentissement de l'hallux valgus sur les os et articulations du pied.

Le traitement de l'hallux valgus

Le traitement médicamenteux

En cas de douleur importante, des médicaments antalgiques ou antiinflammatoires pourront vous être prescrits sur une courte durée.

Le traitement orthopédique

Dans la plupart des cas, vous serez d'abord traité(e) avec des orthèses ou des semelles orthopédiques. Les chaussures adaptées, les soins de pédicure et les dispositifs permettant d'isoler l'oignon sont conseillés.

Le traitement chirurgical

La chirurgie est indiquée seulement si la douleur n'est calmée par aucune autre méthode et si votre pied perd sa fonctionnalité. En aucun cas, la chirurgie n'est indiquée pour des raisons esthétiques ou préventives.
La chirurgie de l'hallux valgus est le plus souvent pratiquée sous anesthésie loco-régionale.
La technique la plus utilisée consiste à réaliser une courte incision à cheval sur "l'oignon". On réalise une ou plusieurs sections de l'os (ostéotomie) du premier métatarsien, et souvent de la première phalange, associées à une libération des tissus rétractés. Les fragments osseux déplacés sont fixés avec un matériel (vis, agrafes, broches), qui est laissé en place définitivement. Toutefois, en cas de gêne, une deuxième intervention est nécessaire pour l'enlever. Une autre technique consiste à faire des mini-incisions sous contrôle radiographique. Les corrections de l'os ne sont pas fixées avec du matériel (vis, agrafes, broches) mais maintenues à l'aide d'un pansement.
Sauf cas particulier, il n'est pas recommandé d'opérer les deux pieds en même temps : une période de six mois à un an entre les deux interventions est conseillée.

Les suites post-opératoires

Elles sont le plus souvent simples. Cependant, des complications existent dans 1 à 5 % des cas (infection, hématome, perte de sensibilité au niveau de la zone opérée, récidive...).
Après traitement chirurgical par ostéotomie, la marche est possible dès le lendemain avec port de chaussures spéciales, en appui sur le talon à utiliser pendant trois à quatre semaines. Pendant cette période, les déplacements doivent être limités et la conduite automobile est déconseillée. À partir du premier mois, la marche avec chaussure large est possible.
L’interruption des activités sportives est le plus souvent d’environ 4 mois. Parlez-en à votre médecin.
Si vous exercez une activité professionnelle, votre chirurgien puis votre médecin traitant vous prescriront un arrêt de travail dont la durée sera adaptée selon :

  • le nombre et la sévérité des lésions à corriger chirurgicalement;
  • la technique chirurgicale utilisée;
  • les autres problèmes de santé que vous présentez éventuellement
  • votre type de travail : l’arrêt sera beaucoup plus court (environ 3 semaines) si votre travail est sédentaire et si vos conditions de transport sont faciles, et plus long si votre travail est physique ou si vous devez beaucoup marcher (environ 8 semaines)