Qu'est-ce que l'arthrose de la hanche ou coxarthrose ?

L'arthrose de la hanche, ou coxarthrose, est une usure puis une destruction du cartilage de l'articulation située en haut de la cuisse, entre le fémur et le bassin (articulation coxo-fémorale). C'est une maladie chronique souvent gênante au quotidien. Elle survient, le plus souvent, après 60 ans, mais parfois chez des personnes plus jeunes présentant d'autres facteurs de risque (luxation ou traumatisme ancien de la hanche...).

L'arthrose de la hanche est une détérioration du cartilage articulaire de l'articulation coxo-fémorale, articulation entre l'os de la cuisse (le fémur) et le bassin.
Elle est très invalidante car elle touche, comme celle du genou, de grosses articulations qui portent le poids du corps. Le dysfonctionnement de l'articulation coxo-fémorale peut provoquer une gêne importante à la marche. L'arthrose peut évoluer lentement (sur plus de dix ans) ou devenir invalidante plus rapidement

La coxarthrose est trois fois moins fréquente que l'arthrose du genou.

Un cartilage articulaire de bonne qualité est indispensable à la mobilité de l'articulation

Les extrémités osseuses qui composent une articulation sont recouvertes de cartilage. Ce cartilage permet aux deux os de glisser l'un sur l'autre. Le cartilage est constitué d'un gel de grosses molécules, qui ont la particularité d'être très avides d'eau (un peu comme des éponges). Ces molécules sont maintenues à l'intérieur d'une « sorte de filet » inextensible.
L'articulation est entourée d'une capsule (sorte d'enveloppe), tapissée intérieurement par la membrane synoviale. Cette dernière sécrète un liquide qui « lubrifie » l'articulation et nourrit le cartilage.

La coxarthrose : une maladie du cartilage articulaire puis de toute l'articulation coxo-fémorale

Elle débute par une dégénérescence du cartilage, puis évolue vers l'atteinte de toutes les structures de l'articulation et, en particulier, de l'os situé sous le cartilage. Néanmoins, le vieillissement normal du cartilage au cours de la vie ne peut pas provoquer à lui seul une arthrose.
L'arthrose est une maladie à part entière, déclenchée par un excès de pression sur le cartilage qui aboutit à une rupture du filet. Des fragments du cartilage fragilisé se détachent dans la cavité articulaire comme des grains de sable. La membrane synoviale devient inflammatoire. En réaction à cet excès de pression, l'os situé sous le cartilage prolifère et produit une collerette osseuse autour de l'articulation : les ostéophytes. Cette prolifération d'os s'appelle l'ostéophytose.

Les douleurs de l'arthrose ne proviennent pas du cartilage endommagé mais de l'inflammation de l'articulation.

Lésions articulaires dues à l'arthrose : exemple de l'articulation du genou

La matrice du cartilage (représentée en blanc sur le schéma) est constituée d'un gel de grosses molécules, qui ont la particularité d'être très avides d'eau (un peu comme des éponges). Ces molécules sont maintenues à l'intérieur d'une sorte de "filet" inextensible.

Les facteurs favorisant l'arthrose de la hanche

L'arthrose de la hanche peut être primitive (sans cause anatomique ou traumatique) ou secondaire, c'est-à-dire apparaître suite à une malformation ou une maladie.

Les facteurs de risque de l'arthrose de la hanche primitive

L'arthrose de la hanche primitive peut être favorisée par :

  • surpoids et obésité ;
  • une surcharge sur les articulations (port fréquent de charges lourdes au travail ou lors d'activités sportives) : le surmenage des ligaments et des articulations entraîne des microtraumatismes ;
  • l'âge : l'arthrose de la hanche primitive survient en général après 60 ans ;
  • le sexe et le statut hormonal : les femmes, surtout après la ménopause sont plus touchées que les hommes ;
  • les antécédents familiaux d'arthrose pourraient être un facteur de risque (des facteurs génétiques ont formellement été établis pour les arthroses de la main et du genou).

Les facteurs de risque de l'arthrose de la hanche secondaire

L'arthrose de la hanche secondaire peut être favorisée par :
les anomalies anatomiques : l'articulation travaille dans de mauvaises conditions ;

  • une luxation de la hanche ( congenitale ou acquise) l'inégalité de longueur des membres inférieurs ;
  • les atteintes osseuses (antécédent de fracture de la hanche ou destruction de l'os situé sous le cartilage) ;
  • les lésions ligamentaires de l'articulation de la hanche ;
  • les maladies métaboliques, inflammatoires ou infectieuses, touchant directement le cartilage ou les autres tissus de l'articulation.

L'arthrose en chiffres

  • Seulement 3 % de la population de moins de 45 ans a de l’arthrose, 65 % après 65 ans et 80 % au-delà de 80 ans.
  • La coxarthrose représente 10 % des localisations de l'arthrose.
  • Deux tiers des arthroses de la hanche sont primitives et surviennent souvent après 60 ans. Un tiers des coxarthroses sont secondaires et apparaissant plus tôt. En général, elles sont favorisées par une anomalie de la hanche qu'il faut dépister à temps.

Arthrose de la hanche (coxarthrose) : symptômes et diagnostic

Difficultés à marcher, monter et descendre les escaliers en raison de douleurs au niveau de la fesse, d'un pli de l'aine, de la cuisse ? Ces symptômes peuvent être dus à une arthrose de la hanche (coxarthrose). Un examen médical et un bilan radiologique sont nécessaires.

La douleur, premier signal de l'arthrose de la hanche

L'arthrose de la hanche se manifeste par des douleurs d'apparition progressive ; il s'agit :

  • le plus souvent, d'une douleur au niveau du pli de l'aine, qui irradie vers l'avant ou l'intérieur de la cuisse ;
  • d'une douleur dans la fesse qui irradie derrière la cuisse ;
  • de façon plus rare, d'une douleur du genou (on parle de douleur projetée vers l'articulation saine du genou) ou d'une douleur isolée située à l'arrière de la cuisse.
  • À noter : les douleurs logées dans le bas du dos sont, la plupart du temps, d'origine lombaire et ne sont pas dues à une arthrose de la hanche. 

La douleur de l'arthrose de la hanche augmente lorsque la personne fait un effort, marche, monte et descend des escaliers. Elle est calmée par le repos; La douleur ne réveille pas la nuit (sauf à un stade avancé). Une sensation de raideur de l'articulation peut être ressentie le matin, nécessitant un court temps de dérouillage.
Lorsque la douleur se prolonge, une tendance à boiter peut s'installer.

L'arthrose de la hanche a une évolution chronique entrecoupée de poussées au cours desquelles la douleur est plus importante et survient dès le matin, voire la nuit. Ces poussées sont dues à une inflammation passagère de l'articulation coxo-fémorale.
À un stade avancé, la douleur retentit sur la marche au quotidien et peut amener la personne à se servir d'une canne. La gêne est particulièrement importante lors des mouvements de rotation de la hanche. Ainsi, il lui est de plus en plus difficile d'enfiler des chaussettes ou un collant.

Le diagnostic de l'arthrose de la hanche

L'examen clinique consiste à :

  • évaluer la gêne ressentie et la limitation de l'autonomie (distance de marche possible, gêne à l'habillage...) ;
  • identifier les mouvements qui réveillent la douleur ;
  • évaluer, debout et à la marche, les déviations d'axes des jambes, le positionnement du bassin ;
  • apprécier la mobilité de la hanche.

L'examen médical de la hanche se pratique debout, pendant que la personne marche (pour repérer une boiterie ou une attitude anormale), puis en position allongée.
Une radiographie des deux hanches confirme l'existence d'une arthrose caractérisée par :

  • la diminution de l'espace entre les deux extrémités osseuses, du fait de l'amincissement du cartilage ;
  • une densification de l'os sur lequel repose le cartilage ;
  • la prolifération d'os (ostéophyte).

Elle précise sa nature primitive ou secondaire (existence d'une malformation anatomique, par exemple). Il est rare que d'autres examens soient nécessaires.

Le traitement de l'arthrose de la hanche (coxarthrose)

L'arthrose de la hanche est une maladie qui persiste. Aucun traitement ne permet de la guérir, mais il est possible de soulager efficacement la douleur et de ralentir l'évolution par des mesures hygiénodiététiques, des médicaments, de la rééducation et des exercices adaptés à chaque cas. La pose d'une prothèse de hanche, est envisagée lorsque l'arthrose est très évoluée et non soulagée par le traitement médical.
L'intervention chirurgicale demande des soins médicaux et un temps de rééducation.

Le traitement médical de l'arthrose de la hanche

L'arthrose est une maladie chronique qui persiste mais dont l'évolution est ralentie, même dans les formes avancées, grâce au traitement médical et à une bonne hygiène de vie.
Le traitement de l'arthrose de la hanche repose sur l'association de plusieurs mesures :

  • une bonne hygiène de vie : des activités physiques adaptées, une perte de poids lorsqu'elle est nécessaire ;
  • le traitement médicamenteux pour soulager la douleur lors des poussées inflammatoires d'arthrose : le paracétamol est utilisé en première intention et, s'il n'est pas efficace, les anti-inflammatoires non stéroïdiens ;
  • le port d'orthèses et l'utilisation de cannes ;
  • la rééducation avec établissement d'un programme personnalisé (type d'exercices, fréquence, intensité) guidée au début par un kinésithérapeute et poursuivie ensuite par le patient seul à son domicile ;
  • si nécessaire, des infiltrations de corticoïdes qui agissent sur la douleur. Mais ces infiltrations n'ont aucun effet sur la structure du cartilage.

Les médicaments de l'arthrose de la hanche

  • Les antalgiques indispensables pour lutter contre la douleur :
  • La prise des antalgiques doit avoir lieu au moment des poussées douloureuses, en ne dépassant jamais les doses maximales prescrites, même si la douleur persiste.
  • Le paracétamol est prescrit en première intention.
  • Lorsqu'une poussée inflammatoire douloureuse ne répond pas à ce traitement, les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont utilisés mais sur une courte durée et à la dose minimale efficace, en raison de leurs effets indésirables en particulier digestifs. Des applications locales sous forme de gel, crème...contenant des anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent être utiles.
  • De nombreux médicaments vendus sans ordonnance contiennent des antalgiques. Il est donc nécessaire de bien indiquer à votre médecin tous les médicaments que vous prenez. En cas de doute, demandez également conseil à votre pharmacien.

Que penser des antiarthrosiques symptomatiques d'action lente ?

Ces médicaments (chondroïtine sulfate, diacerhéine, glucosamines, extraits d'avocat et de soja) n'empêchent pas la dégradation articulaire et ont pour objectif de diminuer l'intensité des douleurs. Leur action est différée et il faut attendre quelques semaines de traitement pour juger de leur efficacité. Ces médicaments peuvent avoir des effets indésirables parfois graves (diarrhée, manifestations allergiques, atteinte hépatique lors de la prise de diacerhéine par exemple) : en cas de survenue, il est important de les signaler à son médecin traitant.
Ces médicaments dont l'efficacité paraît minime sur la douleur et la gêne n'ont pas d'intéret dans le traitement de l'arthrose de la hanche. Ils ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale.

Le traitement chirurgical de l'arthrose de la hanche

Dans certains cas, compte tenu de l'importance des douleurs et de leur impact sur la vie quotidienne, une solution chirurgicale est étudiée. Le médecin traitant adresse alors son patient à un chirurgien.

Il existe différentes chirurgies de la hanche.

La chirurgie conservatrice

Une ostéotomie ou la mise en place d'une butée (greffon osseux placé près de l'articulation pour la protéger) sont des interventions réservées à des cas spécifiques.

Les prothèses de hanche

Dans la majorité des cas, c'est la prothèse totale de hanche qui est mise en place. Elle comporte une pièce fémorale montée sur une tige, qui vient s'articuler sur une pièce cotyloïdienne en forme de cupule.
Il existe de nombreux modèles de prothèses. Pour que cet implant soit le plus adapté au patient, son choix tient compte de son état de santé, de son âge, de la forme anatomique de la hanche.

Le suivi post-opératoire

Tout est mis en place pour que l'évolution soit favorable. Cependant l’intervention chirurgicale et l’hospitalisation peuvent avoir des complications, plus particulièrement chez la personne âgée :

  • des complications générales favorisées par l’hospitalisation et l’alitement : phlébite, infection pulmonaire, infection urinaire, aggravation d’une maladie déjà existante (exemple : insuffisance cardiaque, aggravation d’un diabète...) ;
  • des complications orthopédiques :
  • infection osseuse ou articulaire. Elle peut se développer rapidement, lorsque la contamination se produit au cours de l’intervention chirurgicale ;
  • luxation de la prothèse (la pièce fémorale sort de la cavité de la pièce cotyloïdienne). Cette situation survient en général peu de temps après l’intervention, suite à un mouvement accidentel ;
  • usure du cotyle ou descellement de la pièce cotyloïdienne (défaut de fixation de la prothèse à l'os) ;
  • descellement de la pièce fémorale : c'est la complication la plus fréquente qui se traduit par une reprise des douleurs.

Prothèse totale de hanche

©CNAMTS 2011
Prothèse totale de la hanche : la pièce fémorale vient s'articuler dans une cupule, le cotyle, fixé dans la cavité de l'os iliaque de même nom. Les matériaux et les modes de fixation sont évalués par la Haute Autorité de santé avant d'être inscrits sur la liste des produits pris en charge par l'Assurance maladie

Les soins médicaux et de réadaptation après l’intervention

Un traitement anticoagulant est nécessaire pendant environ 6 semaines. Il est associé au port d’une contention des membres inférieurs (mi-bas de contention) pour prévenir les phelbites et les embolies pulmonaires

Une mobilisation précoce du patient, associée à la kinésithérapie, est un facteur-clé d'une évolution favorable car elle maintient et améliore la fonction musculaire et la mobilité des articulations. Son but est de permettre au patient de retrouver ses activités de la vie de tous les jours le plus rapidement possible.

La réadaptation par le kinésithérapeute est commencée le plus tôt possible après l’intervention en milieu hospitalier. Le rééducateur explique les gestes à ne pas faire et les exercices à réaliser chez soi, entre les séances de rééducation. Ces séances ont lieu, si tout va bien, dans le cabinet du kinésithérapeute ou au domicile et plus rarement en établissement de rééducation.

Au-delà de 15 séances de rééducation pour une pose de prothèse de hanche, la prescription doit faire l'objet d'un accord préalable avec les organismes d'assurance maladie.